À quand la parité hommes/femmes dans l’audiovisuel ?

Que ce soit sur nos écrans et sur les ondes, notamment aux postes de direction, la parité hommes/femmes n’est pas vraiment de mise dans les grands groupes audiovisuels français publics et privés. Cela n’a pas échappé au collectif de féministes La Barbe qui a rendu une visite surprise aux dirigeants de France Télévision et Radio France lors de leurs conférences de rentrée respectives, le 28 août et le 4 septembre derniers.
Arborant leur fameuse fausse barbe, les membres du collectif ont tenu à complimenter le patron de France Télévisions, Rémy Pflimlin, pour son organigramme « frôlant la perfection ». Et féliciter celui de Jean-Luc Hees, le président de Radio France, « absolument exemplaire », car composé exclusivement d’hommes. « Ces sociétés existent grâce aux deniers du public. En ce sens, nous estimons légitime de leur demander d’être exemplaires en terme de parité », a expliqué Christine Blache, membre de la Barbe.

Dans l’audiovisuel public…

Faisons un tour des directions dans l’audiovisuel public… À Radio France, toutes les stations (France Inter, France Info, France Bleu, France Culture, France Musique, Fip, Le Mouv’) sont dirigées par des hommes. Ah, il semblerait qu’il y ait une exception du côté de France Bleu : jusqu’à fin juillet, une femme, Anne Brucy, était à sa tête… mais cette dernière vient d’être remplacée par Philippe Chaffanjon. Mince. Reste France Télévisions, qui peut se vanter d’avoir mis à la tête de France 4 Emmanuelle Guilbart, et l’Audiovisuel extérieur de la France, dont le nouveau patron est une patronne : la holding publique qui chapeaute RFI et France 24 sera désormais dirigée par Marie-Christine Saragosse. Mal à l’aise sur le sujet, MM. Pflimlin et Hees ont jugé « légitimes » les inquiétudes de La Barbe sur l’omniprésence des hommes aux postes de direction. « On peut très franchement progresser », a reconnu M. Hees. Il a d’ailleurs placé la saison 2012-2013 sous le signe de la femme, entre autres : Radio France prévoit de « multiplier les émissions consacrées aux problèmes des femmes, sous forme de grands débats ou de reportages sur la vie quotidienne ». Mais ces émissions seront-elles présentées par des femmes ?

… et dans l’audiovisuel privé

Et du côté du privé, est-ce mieux ? Il semblerait que non. Canal+ est dirigé par Rodolphe Belmer, le groupe TF1 est présidé par Nonce Paolini, M6 par Nicolas de Tavernost, Europe 1 par Denis Olivennes, RTL par Christopher Baldelli… Des hommes, encore des hommes, toujours des hommes. À noter tout de même de rares exceptions, comme Caroline Got à la tête de TMC et NT1, Marie-Christine Saragosse chez TV5Monde et Véronique Cayla chez Arte.

Un baromètre CSA en berne

Rémy Pflimlin se défend : « A l’antenne, il y a de plus en plus un partage entre animatrices et animateurs et parmi les directeurs de programmes ». De plus en plus, M. Pflimlin ? Non selon une étude du CSA ! Le baromètre sur la diversité (origine, âge, sexe, handicap) qui porte sur les chaînes gratuites et Canal+ montre peu d’évolutions : seuls 35 % des personnes visibles à l’antenne et prenant la parole étaient des femmes en 2011, taux inchangé par rapport à 2009. Le taux tombe à 29 % pour les magazines et les documentaires (34 % en 2009) et à 24 % pour les émissions de divertissement (26 % en 2009). Dans les fictions, la femme incarne un personnage central seulement une fois sur quatre. Seuls les journaux télévisés et les magazines d’information montrent une quasi-parité. Pourtant, « il y a suffisamment de journalistes femmes pour régler rapidement le problème de la parité. C’est une question de volonté et de prise de conscience des grands groupes de médias », estime Thalia Breton, porte-parole du collectif « Osez le féminisme ». Selon un rapport de la Commission sur l’image des femmes dans les médias publié fin 2011, elles ne représentent que 18 % des experts consultés à la radio, à la télé et dans la presse écrite. Allez messieurs, encore un effort !

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