Mae Keo a 32 ans. Elle vient de la province de Sayaboury et vit dans le village de Ban Vangluang. Mae Keo travaille très dur de 8 à 13 heures dans les forêts laotiennes. Petite particularité, elle pèse 2 800 kg. Mae Keo est une femelle éléphant, et cherche un parrain pour prendre soin d’elle. Les équipes d’ElefantAsia s’occupent déjà de Phu Anonh, un mâle de 35 ans et 3 400 kg, de Dor Noy, un mâle sans défenses de 19 ans, de Mae Team, 32 ans et aveugle d’un œil, de Bourni, une dame âgée de 51 ans… Mais une bonne douzaine d’éléphants, à l’instar de Mae Keo, cherchent encore des parrains ou marraines !
Fondée en 2001 à Paris par Gilles Maurer et Sébastien Duffillot, l’association ElefantAsia est présidée par le Dr. Norin Chai, responsable vétérinaire à la ménagerie du Jardin des Plantes de Paris. Autrefois surnommé le « Pays du million d’éléphants », le Laos ne compte plus aujourd’hui que 1 200 pachydermes. « Comme partout en Asie, les éléphants sauvages du Laos sont menacés par la dégradation de leur habitat traditionnel (exploitation forestière intensive, expansion des cultures agricoles), explique l’association. Privés de nourriture, les éléphants sont repoussés vers les zones cultivées. Le nombre de conflits entre hommes et éléphants augmente de façon alarmante et provoque des pertes de récoltes, des destructions matérielles et parfois la mort de villageois ».
Pourtant les éléphants nouent un lien très particulier avec leur cornac, même s’ils travaillent très dur. Car les éléphants sont sacrés dans la culture asiatique. L’éléphant constitue également une source de revenus importante pour de nombreuses familles. Plus de 10 000 personnes vivent des revenus générés par le travail des 500 éléphants que compte le Laos. Mais les risques de disparition de l’espèce sont alarmants : il ne reste que 46 femelles âgées de moins de 20 ans (le « réservoir génétique » du pays), et pour 2 naissances d’éléphanteau, on compte 10 décès.
ElefantAsia a mis en place plusieurs dispositifs pour venir en aide aux animaux et à leurs maîtres. Une équipe vétérinaire sillonne les routes pour apporter des soins médicaux. Chacun peut aussi parrainer un animal : pour 60 euros par an, un kit médical et une formation aux premiers gestes sont dispensés aux cornacs. « Le kit comprend des produits pour le nettoyage et la désinfection des plaies et abcès, un insecticide anti-myiase, un collyre, une pommade analgésique et les seringues et aiguilles nécessaires pour effectuer une injection dans de bonnes conditions septiques. Ce kit s’avère surtout utile pour les cornacs isolés dans des campements de débardage où toute aide se trouve à plusieurs heures ou jours de distance. Il permet également aux cornacs de se familiariser avec ces produits, parfois inconnus ou utilisés à mauvais escient », explique ElefantAsia.
Outre le fait de reconvertir certains éléphants aux trecks et au tourisme, ce qui permet aux familles de créer une autre activité, et de lutter contre le braconnage, ElefantAsia a créé le congé maternité pour les éléphantes enceintes. Pour 1 500 euros, la future maman est « arrêtée » pendant les derniers mois de sa grossesse (qui dure tout de même 22 mois) et pendant les premiers mois après la naissance du petit éléphanteau (sachant qu’elle allaite généralement pendant 2 ans)… Son propriétaire est indemnisé et se voit remettre un motoculteur pour pouvoir continuer une activité sans son éléphante. D’autres formules d’aide (à partir de 15 euros) sont possibles… N’hésitez pas !!