Le Bon Marché, qui fête cette année ses cent soixante ans, a inventé une nouvelle façon de consommer. Il a entraîné dans son sillage les suffragettes et a été l’un des moteurs de la libération de la femme.
1852 « Fantastique, inouïe, incroyable, magnifique.» En passant rue de Sèvres, il suffit de tendre l’oreille pour entendre les voix des clientes découvrant pour la première fois le Bon Marché. Emile Zola le décrit dans un livre que lui inspire sa visite : « N’était-ce pas une création étonnante? Le grand magasin bouleversait le marché, il transformait Paris, car il était fait de la chair et du sang de la femme ».
C’est un lieu inédit qui va métamorphoser la vie des femmes pour toujours. A cette époque, chaque magasin vend un article précis et quelques-uns sont dits à comptoirs multiples. Le Bon Marché avec ses 50.000 mètres carrés ou l’on vend de tout est une révolution sans précédent. Tout y est nouveau, on peut entrer librement et surtout sans obligation d’achat, juste pour flâner au gré de ses envies. Les marchandises ont un prix indiqué par une étiquette. Une révolution et une invention qui permet aux femmes de juger par elle-même, si elles peuvent ou pas s’offrir tel ou tel article. Fini le regard narquois des vendeurs qui donnent le prix d’une robe et ne peuvent s’empêcher de constater « que madame ne peut pas se le permettre ». Les étalages regorgent de marchandises misent en scène pour attirer les clientes et susciter le désir d’acheter. Aristide Boucicaut surnommé « l’homme que l’Amérique nous enviait » comprend le premier l’importance de la réduction des marges et invente un autre concept révolutionnaire : essayer avant d’acheter. Le Bon marché est un grand bazar à l’orientale, mystérieux et remplis de tentations, ou le tout Paris se précipite. On peut s’y reposer, se cultiver, prendre le thé et même abandonner son mari dans un salon confortable pendant que l’on fait ses emplettes. Une autre curiosité attire les femmes comme un aimant, les premières toilettes publiques.
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