Matières virtuelles

Pour la multitude d’hommes qu’il faudra habiller dans les années qui viennent, les fils issus du maïs et de la betterave sont l’avenir de la planète. Sans oublier, la sauvegarde de l’environnement qui est, le défi majeur du XXIème siècle, sans lequel rien ne sera possible.

En 2008, il faut habiller six milliards d’hommes contre un milliard et demi en 1900, ce qui change singulièrement la donne. La production de fibres est passée de 4 millions de tonnes à plus de 55 millions de tonnes. Des chiffres vertigineux qui montrent une réalité incontournable : les ressources naturelles s’épuisent. Depuis quelques années, les fabricants sont de plus en plus conscients de ce danger et cherchent à réduire les nuisances occasionnées par l’augmentation de la production.

Aujourd’hui, seule une part infinitésimale des consommateurs ont les moyens de s’acheter des « 100 % laine », cachemire ou soie, qualifiés par certains, de « nobles » ou de « vrais ». Pas question non plus de nier leur beauté, mais dans la réalité, les vêtements, le linge de maison, les textiles pour la décoration, etc., sont majoritairement fabriqués dans des matières synthétiques. La plupart imitent à la perfection les matières naturelles. De « vrais faux », indétectables, qui possèdent souvent des qualités qui les rendent plus intéressants que les vrais : résistance, imperméabilité, séchage ultra rapide, infroissabilité, etc. Les tissus sont devenus des images virtuelles. Les fabricants de matières, tisseurs et filateurs, www.premièrevision.fr inventent à partir de matière synthétique des représentations de confort, de plaisir et d’esthétique plus vraies que nature et facilement recyclables.

L’authenticité fut longtemps le cheval de bataille et le domaine réservé des « Hippies ». Écologistes de la première heure, ils sont devenus au fil du temps les défenseurs sympathiques de théories dépassées. Aujourd’hui, les choses ont changées, le naturel est noble, parce qu’il est de plus en plus rare et difficilement accessible, sauf en empiétant encore un peu plus sur la Terre, déjà épuisée par l’homme. Ce qui n’empêche pas les stylistes de mettre en avant la nature. On vit aujourd’hui dans un monde où l’on a besoin de se cuirasser par rapport à l’extérieur. Depuis toujours, les tissus doux, poilus, chaleureux, mou, généreux jouent un rôle protecteur vis-à-vis du corps. La laine brute et ses attributs, synonyme de grands espace et matière naturelle par excellence est devenue une référence. Le poids, la chaleur, l’imperméabilité, l’impression de compact, la protection, les matières synthétiques s’approprient tous ces symboles sans l’esprit mièvre du « cocooning ».

CALME POSITIF

Cette laine réinventée prend du caractère, elle réussit l’alliance d’une esthétique moderne et d’un confort qui s’échappe enfin de l’omniprésence de la technicité des vêtements de sport adaptés à la ville. C’est une réconciliation entre le naturel, l’esprit couture et la performance. Dans les années à venir, les gens auront envie d’être un peu plus gentils avec eux-mêmes et aussi avec la Terre. Les fabricants utilisent les matières synthétiques et leurs compétences comme support réussissant à y intégrer l’idée du naturel. Une façon réaliste de protéger l’environnement.

En agissant de la sorte, les industriels participent au respect de la nature. En effet, il ne faut pas se leurrer, dans le monde de la mode, l’équitable ou le recyclable se résume à quelques industriels courageux qui utilisent du coton bio pour des lignes encore confidentielles. Il s’agit avant tout d’un engagement politique destiné à montrer que les pays riches doivent prendre en compte les pays du sud et leur développement. L’écologie s’est transformée, elle est devenue citoyenne, chacun a pris conscience qu’il était un acteur de son avenir, les pays du nord ont été parmi les premiers à faire ce chemin.

Dans les années 70, les gens rejetaient la pollution sur les paysans, les usines, leurs voisins, etc. Le pollueur, c’était forcément l’autre. La sauvegarde de la planète viendra en partie des matières synthétiques dont le recyclage sera parfaitement maîtrisé. Pour fabriquer de nouvelles fibres, il faut beaucoup d’argent et malheureusement les recherches ne sont pas à la portée de tous. Ce sont généralement d’importantes multinationales qui explorent ce domaine. L’innovation a été pendant très longtemps l’apanage de l’armée. La Nasa www.nasa.gov et ses demandes un peu étranges ont fait bondir la recherche textile. Les ingénieurs américains ont eu besoin de nouvelles matières pour des raisons particulières, comme le vol dans l’espace. Il fallait imaginer des combinaisons pour les cosmonautes avec des caractéristiques particulières plus de transpirabilité, une plus grande résistance à la chaleur, de la légèreté etc. Pour répondre à cette demande, les tisseurs ont dû plancher pour réaliser ce qui au départ n’était qu’un rêve, un futur possible.

Aujourd’hui, c’est la médecine et la biologie qui développent des recherches pour améliorer la protection et qui sont par exemple très intéressées par les propriétés bactéricides du maïs. Désormais, on peut intégrer génétiquement des médicaments dans les fibres. Les recherches en matière textile sont multiples et dans des domaines extrêmement variés.

FIL DE SUTURE EN FIBRE DE BETTRAVE

Éric Devaux directeur d’études à l’Ecole nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles (ENSAIT) précise : Les fibres synthétiques sont des dérivés du pétrole, ressource qui dans les années à venir va sans aucun doute se tarir. Le même problème existe pour la cellulose tirée des arbres et qu’il faudra bien se décider à protéger pour ne pas mettre en péril l’équilibre de la planète.
Il faut envisager dès maintenant des solutions de remplacement. L’avenir proche est du côté des matières renouvelables, celles qui sont produites par l’agriculture comme le maïs ou la betterave à partir d’un principe appelé polymérisation. Les ingénieurs textiles se servent du sucre de ces plantes pour créer des molécules longues. Puis à partir de ces molécules, des fibres pour obtenir au final un matériau appelé PLA.
Matière à la fois biodégradable, biorésorbable et biocompatible avec l’environnement, mais aussi avec l’humain.

Malheureusement pour l’instant, les manipulations techniques pour les obtenir sont encore longues et coûteuses, mais la recherche est très prometteuse, en particulier pour le respect de l’environnement.
Des sites très pollués comme celui de Métal Europe peuvent êtres régénérés par ces cultures. La présence massive de métaux lourds dans les sols oblige les autorités à interdire tous les types de culture et empêche les agriculteurs de commercialiser leur production que soit à destination des humains ou des animaux. Cultiver dans ces champs pollués avec du maïs destiné aux fibres textiles est sans danger pour les hommes et contribue au contraire à l’assainissement plus rapide des terrains contaminés,
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Par ailleurs, il faut faire attention au label recyclable employé par de plus en plus de fabricants. Si certains l’utilisent à bon escient, d’autres sont bien moins scrupuleux. Il s’agit souvent d’une simple technique commerciale destinée à attirer et à déculpabiliser le consommateur. Ainsi, des fabricants de pièces automobiles en matériaux composites n’hésitent pas à se servir de ce label sous prétexte que les matériaux détiennent un certain pourcentage de bambou, de lin ou de chanvre, confirme Eric Devaux.
Dans l’avenir, les tissus ne seront ni en rosier, ni en algues, ni en caséine de lait, des matières romantiques, symbolique d’une prise de conscience de l’écologie, mais impossibles à développer à l’échelle de la planète, mais bien en PLA. Seule condition à leur mise sur le marché que nous puissions résoudre quelques problèmes comme celui du nettoyage et du repassage, qui pour l’instant restent beaucoup plus compliqué qu’avec certaines fibres synthétiques.
Et si je dois imaginer les textiles d’un futur lointain, nous pourrons probablement modifier des bactéries pour qu’elles puissent à leur tour synthétiser des matières plastiques. L’infiniment petit au service de l’humanité.

COTON AFRICAIN POUR MARIN BRETON

LE COTON est une matière naturelle synonyme pour la plupart d’entre nous de santé et de respect de l’environnement. La réalité est beaucoup moins idyllique. Dans les champs dans lesquelles il est cultivé, les insecticides et les pesticides, répandus en très grande quantité, sont une importante source de contamination. Les plus grands producteurs sont la Chine, les Etats-Unis et l’Inde.

les pays de l’afrique de l’ouest, quant à eux, ne représentent que 6 % de la production mondiale, mais au Mali la culture du coton, familiale et peu mécanisée, fait vivre 70 % de la population. C’est à partir de ce constat que la marque Armor Lux a décidé de se lancer dans le soutien au commerce équitable.

Objectif, instaurer des règles commerciales plus justes entre le nord et le sud en valorisant la qualité du coton africain peu connu. Jean Yves Le Floc’h et Michel Gueguen, actuels PDG de l’entreprise bretonne fondée en 1938, ont adhéré comme 300 autres entreprises françaises au Pacte Mondial des Nations Unis. Celui-ci les invite à adopter, à soutenir et à appliquer à la fois des normes de travail et d’environnement. Le développement durable repose sur trois piliers, économique, social et environnemental. L’un des principes de base souligne qu’il est urgent d’agir aujourd’hui, pour les choses se passent différemment demain.
la marque Armor Lux a choisi de soutenir l’association max havelaar qui propose de payer le coton à des producteurs souvent marginalisés un prix digne de leur travail. Manne financière qui aide des régions entières à se développer et producteurs exemplaires qui s’appliquent à respecter l’environnement en limitant l’usage de pesticides et d’engrais minéraux et en récoltant manuellement. Une leçon de courage et de bon sens à l’heure où certains de nos concitoyens refusent de trier leurs poubelles.

COCORICO POUR LE LIN

LE LIN est un des plus anciens textiles du monde. Synonyme de résistance, de sécurité, de tradition, il peuple nos rêves d’enfants. Impossible d’imaginer une maison de campagne sans une grande armoire dans laquelle est soigneusement rangé le linge de maison hérité le plus souvent de plusieurs générations. La France est le premier producteur de l’Europe occidentale devant la Belgique et les Pays-Bas et c’est en Normandie, en particulier dans l’Eure, la Seine-Maritime et le Calvados qu’il est le plus cultivé.

Couleur d’un bleu extraordinaire dans le paysage agricole, le lin, c’est d’abord une longue tige verte au bout de laquelle pousse une fleur fragile qui ne vit pas plus que quelques heures. Un champ entier n’est en fleur que durant une semaine, moment rare à ne pas rater, et il faut attendre 6 à 7 ans entre chaque culture.

La tige donne une fibre longue semblable à de long cheveu doré qui rappelle ceux de la bonne fée d’un conte pour enfants. Le lin est destiné à environ 60 % à l’industrie textile, mais ils trouvent aussi d’autres débouchés grâce à ses qualités de solidité, de souplesse et d’étanchéité : le papier, qui permet la fabrication de certains billets de banque et en particulier les dollars, la toile des peintres, les sacs postaux. Matière écologique par excellence, le lin subit très peu de traitement, n’a quasiment pas besoin d’engrais, son apport en azote en minime. Les pesticides employés sont huit fois moins importants que pour le coton.
Le lin français est une matière d’excellence, qui trouve preneur dans le monde entier.


LEGENDES
N°1. Tee-Shirt, d’esprit tunique en coton équitable Max Havelaar de chez Armor-Lux. Prix 64 euros environ. Téléphone lecteurs 02 98 90 05 29.www.armorlux.com
N° 2. Débardeur en élasthanne et jersey de coton équitable Max Havelaar de chez Armor Lux. Prix 38 euros environ. Téléphone lecteurs 02 98 90 05 29.

LIENS UTILES
www.mastersoflinen.com
www.lin.asso.fr
www.lin-itl.com

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