Un thé avec Franck Sorbier

J’ai lu dans une interview que vous vous étiez qualifié de « couturier fournisseur ». Que vouliez-vous dire ?
Aujourd’hui les couturiers sont devenus des peoples. Un couturier fournisseur, c’est quelqu’un qui sait coudre des robes et qui met la main à la pâtedans toutes les étapes de la création. J’ai beaucoup d’admiration pour Azzedine Alaïa, c’est un créateur qui sait se servir d’une machine à coudre. Et par ailleurs, je trouve que c’est une très jolie expression, qui signifie que l’on est au service des clientes.

Racontez-moi votre passion pour les matières. Et dites-moi, si c’est toujours à partir des tissus que vous commencez à imaginez vos modèles ?
Le toucher est important dans un vêtement, surtout lorsque l’on coud soi-même. J’aime les silhouettes souples et classiques. Et aujourd’hui, la seule solution pour différencier les robes d’hier de celles d’aujourd’hui, ce n’est pas la forme, mais bien la matière. C’est aussi le premier contact que j’ai eu avec la mode. Mais dans la conception d’une collection, la chose la plus importante, ce ne sont pas les tissus, mais l’histoire que l’on veut raconter.

Le 24 novembre 2010, vous avez été nommé Maitre d’Art. Cette distinction est une incitation à transmettre votre savoir. De quelle manière pensez-vous vous acquittez de cette tâche ?
Avant tout Je veux transmettre ce que je sais faire. Apprendre aux plus jeunes ma façon de coudre de la dentelle ou du cuir où leur montrer une technique de compression de tissu que j’ai mise au point à la manière du sculpteur César. Je me sers de chutes, que je couds les unes avec les autres, ce qui permet de fabriquer des vêtements moulés sur le mannequin avec des piqures et des surpiqures, mais sans aucune couture droite. J’aime avant tout fabriquer et je suis très fier d’avoir été le seul garçon de l’Académie de Bordeaux à avoir pris option couture au baccalauréat et à avoir obtenu 17 sur 20. Le dessin m’intéresse mais plutôt comme une mémoire.

Pourriez-vous me décrire votre silhouette idéale pour cet été et les accessoires incontournables ?
Ma silhouette idéale c’est Audrey Hepburn. Une femme avec un pantalon cigarette et un top. J’aime les chaussures plates, plutôt les ballerines ou les espadrilles, mais façon Catalane. Pour l’été, il faut évidemment des lunettes de soleil, mes préférées sont en forme de papillon. Un panier et des boucles d’oreilles un peu romaines, dans un esprit antique, plutôt petites et raffinées. Je rêve aussi d’une robe chemisier noire avec beaucoup de volume en bas que porterait une Irène Papas ou une Marie Laforêt moderne. J’aime les femmes qui ont du tempérament.

Que représente la haute couture ?
La haute couture ne dépend pas comme l’on pourrait si attendre du Ministère de la culture, mais de celui de l’Industrie. La haute couture fait partie du patrimoine. Pour moi c’est un symbole de culture et de liberté. Le prêt-à-porter est tenu par le marketing à la différence de la haute couture qui transmet du rêve. C’est un domaine artistique.


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